- Diagnostic général :
- La
rénovation énergétique des bâtiments concentre les meilleurs impacts de la
« transition énergétique »
(créations emplois liés aux chantiers et à la réduction des importations,
augmentation du pouvoir d’achat, amélioration de la santé des occupants…) tout en étant une opération généralement
rentable sans aide publique…mais
à long terme : en passant la
consommation d’énergie d’une maison de 30 à 15 Mwh/an, +ou- 20 000 € de
travaux peuvent être rentabilisés en 20 ans grâce à une réduction de +ou- 1000 €/an
des factures.
- Les rénovations pourraient être rentabilisées 2 fois
plus rapidement par une tarification progressive (avec un prix progressant avec le niveau de
consommation), or celle-ci est actuellement régressive (le prix du gaz est d’environ
70 €/Mwh pour les grosses consommations et monte à 80 €/Mwh pour les « moyennes »
puis à 100 €/Mwh pour les plus petites consommations). Pourtant, avec des tarifs progressifs, les économies d’une
rénovation permettant de réduire la consommation d’une maison de 30 à 15 Mwh/an
pourraient ainsi atteindre 2000 €/an contre moins de 1000 €/an actuellement
(avec du gaz) ;
-
Mais deux autres freins
majeurs entravent le développement des rénovations énergétiques (et la mise en place de la progressivité
des tarifs) :
1.
Environ 40% des logements sont occupés par des
locataires qui subissent les hausses de prix alors que seuls leurs bailleurs
peuvent rénover, mais ne le font pas faute de pouvoir profiter des économies
2.
Entre 3 et 4 millions de propriétaires de logements mal isolés n’ont pas les
moyens de financer et gérer des chantiers lourds et risqués (prestataires
multiples, complexité des coûts, impacts et aides publiques).
- Enfin, l’immobilier
public est actuellement peu investi alors qu’il représente environ 50%
des surfaces du tertiaire (Ademe
Bâtiment p.79). Les objectifs visaient jusqu’en 2012 les seuls bâtiments
de l’Etat (Plan
Bâtiment) alors que les divers bâtiments publics sont les plus
faciles et rentables à réhabiliter.
·
Propositions :
1. Rentabiliser fortement les rénovations énergétiques les plus performantes
avec la tarification progressive des énergies et le ciblage des aides (sur l’isolation des murs et les rénovations
« complètes », notamment des ménages modestes en précarité
énergétique)
- La tarification progressive des consommations énergétiques
permettrait aux propriétaires occupants (58% des résidences principales) et du tertiaire (~30% des surfaces chauffées) de rentabiliser 2 fois plus rapidement leurs investissements sans aide
supplémentaire et de doubler l’efficacité d’aides centrées sur l’isolation des
murs (opération la plus coûteuse mais ayant le plus d’impacts énergie et
emploi, voir
évaluations) et sur les rénovations « complètes » des ménages modestes
en précarité énergétique (pour lesquels les aides sont les plus efficaces, voir évaluations) :
- Par exemple, avec une subvention limitée à 40% sur 20 000
€ de travaux, les +ou- 12 000 € restants peuvent être remboursées par un
propriétaire aux revenus moyens en moins de 8 ans tout en profitant d’un quart
des économies d'énergies potentielles (soit +ou- 2000 €/an avec une tarification
progressive du gaz, voir exemple ci-dessus) pour augmenter son pouvoir
d’achat et/ou gagner en confort.
- Cette progressivité incite également l’ensemble des occupants à modérer leur consommation et
récompenserait les propriétaires et occupants qui feront le plus d’effort.
- Pour les
locataires ne pouvant décider de rénover, les hausses de charges sont couvertes
par un chèque énergie et l’éligibilité
aux subventions des bailleurs (pour les rénovations de murs et/ou
« globales » comme pour les propriétaires occupants et contre un
plafonnement de loyer, voir Propositions logement)
les incitent fortement à rénover, notamment
dans la perspective d’une obligation croissante de performance énergétique pour
pouvoir profiter d’une fiscalité limitée des revenus fonciers.
- Pour
l’immobilier public, c’est la mesure la moins coûteuse car le
« propriétaire » public rentabilisera ces investissements en moins de
15 ans tout en profitant d’un gain net dès les premières années (ou en moins de
10 ans avec un remboursement équivalent aux économies générées).
- Avantages globaux =
1. Rénovation énergétique « importante » (de +ou- 200 kwh/m²/an) de l’équivalent de 800 000 logements
supplémentaires chaque année (400 000
logements et l’équivalent de 400 000 logements en surfaces
« tertiaires » chaque année en plus des +ou- 400 000 logements
actuels), soit une économie d’énergie d’environ 120
Twh/an après 10 ans (L’équivalent de
800 000 logements par an x 100m² = 80 Mm²/an rénovés à+ou—150 kwh/m²/an ≈ 12
Milliards de kwh/an x 10 ans ≈ 120 Twh/an économisés au bout de 10 ans, soit ˜15%
de la consommation d’énergie du bâtiment), principalement en gaz et en fioul, soit
une économie d’importations d’au moins 5
Mds €/an après 5 ans à ce rythme (chiffres
énergie p.4 et 11)
2. Au moins 250
000 emplois liés aux chantiers supplémentaires permis par la forte rentabilisation
d’investissements très denses en emplois (+ou- 15 emplois à plein temps
supplémentaires/Million d’€) permettant environ 16 Mds € de travaux
supplémentaires/an (à +ou- 20 000 euros par logement en moyenne pour des rénovations de +ou- 150 kwh/m²/an d’énergie finale). A ces emplois
liés aux chantiers supplémentaires s’ajoutent
au moins 50 000 emplois induits par le remplacement des dépenses de gaz et
fioul (2-3 emplois/M€) par d’autres dépenses « moyennes » (12-13
emplois/M €, Quirion-WWF p.5).
3. Cet impact commence dès les premières années grâce
à un financement permettant de profiter de 30 à 70% des économies annuelles 500 à 1000 €/an de pouvoir d’achat
supplémentaire pour plus de 500 000 nouveaux ménages chaque
année ;
4. Gains en
santé publique grâce à la baisse de
la pollution interne des bâtiments et logements (au moins 100 morts et 600
hospitalisations/an liées aux intoxications au monoxyde de carbone, Institut
de Veille Sanitaire) et des
impacts sanitaires de la précarité énergétique (jusqu’à 8000 morts/an estimés au
Royaume-Uni, The
Independant du 28/02/2012).
5.
Investissement public limité à environ 6 Mds €/an supplémentaires avec :
- +- 8 000 € de subventions (ex. 40% d’un plafond de 20 000 euros) pour environ 200 000 rénovations de logements « performantes » supplémentaires et l’équivalent de 200 000 logements en bâtiments publics chaque année
- +- 12 000 € de subventions pour environ 150 000 rénovations performantes supplémentaires de ménages modestes chaque année, notamment en copropriétés (vs. 50 000/an actuellement)
- +- 1500 € de coût public par prêt à 0% pour l’équivalent de 600 000 logements supplémentaires par an
Ce coût est en
partie compensé à terme par des économies d’énergie pour le secteur public
de +ou- 4 Mds €/an après 10 ans à ce rythme (+ou- 20 Mm²/an équivalent
à 200 000 logements par an soit environ 200 Mm² x -200 kwh/m² ≈ 40 Milliards de kwh/an économisés au bout
de 10 ans x 0,1 €/Kwh ) et 200 M€/an d’économies sur les
dispositifs « sociaux » à moyen terme (environ 2/3 des bénéficiaires
actuels) pour 200 000 rénovations de propriétaires et locataires précaires
par an.
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