Globalement, les principaux
dispositifs de soutiens aux transports (voir tableau ci-dessous) ne permettent pas
d’atteindre les objectifs généraux fixés à cette politique :
o
Les émissions de gaz à effet de serre des transports
ont augmenté de 2% depuis 2008 contre 14% de
réduction attendue et la
réduction des autres pollutions et nuisances des transports est également
limitée : les émissions de Dioxyde
d’azote (NO2) et de Particules
fines (PM 2.5 et PM 10) stagnent, (Comptes
des transports). De plus, les émissions
effectives… (dieselgate)
o
La circulation routière a même augmenté d’environ 10% depuis 2008 (à +ou- 600 Milliards de vehicules.km) et
la consommation de carburants stagne depuis 2008 (à +ou- 50 Milliards de litres
par an) après une augmentation de plus de 20%
entre 1995 et 2008 (Comptes
des transports) malgré la baisse des émissions de CO2 des
véhicules neufs qui sont passées de 149 à 117 g de CO2/km entre 2007 et
2016 (-22% pour le parc neuf mais -5% seulement pour le parc total).
o
La part modale des transports collectifs
non-aériens de voyageurs est encore inférieure à 19% contre
+ou- 22% attendus en 2016 (et 25% visés en 2020) et la part modale du frêt ferroviaire et
fluvial est encore inférieure à 12% des transports intérieurs
de marchandises au lieu de s’approcher des 20%
attendus en 2016 (vs. 23% en 1990, 13% en 2008 et 25%
visés en 2022)
Principaux ensembles
de dispositifs
|
Avantage
(en % et/ou € par
km)
|
Dépense publique /an
(2012)
|
Les subventions au réseau
routier financent
l’ensemble des travaux de remise en état ou d’amélioration du réseau routier
existant (routes, ponts, tunnels…), qu’il soit national, régional,
départemental ou local (y compris la voirie des communes).
|
100% de subventions
de +ou- 0,3
M €/km (couche de surface) à+ou- 6 M €/km (2x2 voies « prioritaires »)
|
~ 20 Mds €
(dont
sécurité routière)
|
Les subventions au
ferroviaire (développement, entretien et exploitation) sont
surtout versées pour l’entretien et l’exploitation des lignes
« régionales » à des tarifs inférieurs à leur coût. Ces subventions
couvrent également les charges financières (~ 1,2 Md €/an) des dettes passées du ferroviaire
|
30 à 50% de +ou- 50 000
€/km (entretien « base ») à
+ou- 20 M €/km (voies LGV)
+ou-70% de subvention des 26 Mds de
voyageurs.km « régionales »
|
~ 9 Mds €
|
Les subventions aux transports en commun
« locaux » soutiennent
principalement l’exploitation des métros, tramways, bus et cars dont
l’utilisation est proposée à un tarif inférieur de 40 à 70% à leur coût
|
40% (Idf) à 65% de
subventions de 66 Mds de voyageurs.km dont ~ 60% en cars interurbains
20% (Agglos)
à 40% (Idf) de subventions de +ou- 3
M €/km (Bus en site propre) à 100 M €/km (Métro)
|
~ 8,5 Mds
€
|
Principaux dispositifs
« transports »
|
|
~ 38 Mds €
|
* A noter que +ou- 5000 km de routes locales
supplémentaires sont comptabilisées chaque année (Comptes
transports p.103), ce qui impliquerait qu’au moins 2
Mds €/an de dépenses de modernisation sont en fait
du développement de routes locales (?)
** Ces dépenses constituaient manifestement la majorité
des +ou- 25 Mds
€ /an d’investissements routiers réalisés dans les années 1960-1990
(ex. 80 000
km de nouvelles autoroutes et routes nationales lancées en 1960)
Transports
de voyageurs :
- La part modale des transports collectifs
non-aériens
de voyageurs est encore inférieure à 16% en 2012 contre +ou- 20% attendus (et
25% visés en 2020), soit 155 Mds de voyageurs.km (+ 5
Mds depuis 2008) sur un total de 985 Mds de voyageurs.km en 2012 (Comptes
des transports p.47-53), alors
que le prix du gazole est nettement plus élevé qu’en 2008 (~1,40 € vs. 1,26 €/litre). Les
transports en véhicule particulier n’ont augmenté que d’environ 2%, mais
l’augmentation est conséquente (+ 15 Mds) compte tenu du volume de départ très
important (environ 800 Mds de voyageurs.km en 2008 en intégrant les ~ 85 Mds de
voyageurs.km réalisés par des étrangers en France). La grande majorité de ces
voyages routiers sont « locaux » et seuls les déplacements routiers
de plus de 100 km semblent en
régression.
- La fréquentation des transports
ferroviaires n’a augmenté que de 3% depuis 2008 (89 Mds de voyageurs.km en
2012 contre 86,5 Mds de voyageurs.km en 2008) : les fortes augmentations
relatives des TER (12,5 à 14,2 Mds) et des Transiliens (11,3 à 12,1 Mds) et
l’augmentation relativement plus limitée des TGV (52,3 à 54 Mds) ont été partiellement
compensées par la chute des Intercités (10,1 à 8,7 Mds) dont ils ont en partie
remplacé l’offre.
|
Principales
modalités/conditions
|
Coût/avantage par km ou voyageur
|
Dépense
publique / an
(2012)
|
Principaux
résultats
|
Evaluations de
l’efficacité / efficience*
|
Impacts
éco / sociaux
|
Les subventions au ferroviaire (développement, entretien et exploitation) sont surtout versées pour l’entretien et
l’exploitation des lignes « régionales » à des tarifs < à leur
coût.
|
~ 30 à 50% de subvention des
coûts d’entretien
~ 70% de subvention des coûts d’exploitation des
lignes régionales
|
50 000 €/km (entretien « base ») à
+ou- 20 M €/km (construction de voies LGV)
|
~ 9 Mds €
dont :
Entretien ~ 2,5 Construction ~ 1,5
******
|
1000 km de voies et 300 aiguillages
26 Mds de voyageurs.km « régionaux »
(+10%)
|
+ / -
|
++ / +++
|
En effet, l’offre globale en trains-km n’a augmenté
que de 1% depuis 2008 (~ 405 à
410 M de trains.km/an), mais il est probable que cette offre augmente plus
fortement en 2016-2017, lorsque les LGV Tours-Bordeaux et Le Mans-Rennes seront
mises en service. Plus globalement, les
moyens publics investis dans le ferroviaire sont toujours très inférieurs à
ceux investis dans les transports routiers, pourtant déjà très développé
(voir tableaux ci-dessus)
- Concernant
les trajets régionaux, l’évaluation
des TER en Rhône-Alpes décrit une augmentation de la fréquentation (+50%)
supérieure à celle de l’offre (+30%) entre 2002 et 2012, mais cet effet décroît
progressivement : les heures de pointes étant déjà bien desservies,
l’offre augmente surtout pour les heures creuses. Par ailleurs, une part de cet
effort sur l’offre des TER ne fait que compenser la baisse de l’offre des
Intercités (voir ci-dessus). Enfin, les
reports modaux s’expliquent principalement par un facteur
« externe » : le niveau d’engorgement des principaux réseaux
routiers et leur évolution (+40% entre 2003 et 2010 autour de Lyon et de
Grenoble). En conséquence, la part des
Transports en Commun est donc passée de 10-15% en 2000 à 30-40% des km
en 2008 pour les trajets domicile-travail
vers Lyon et Grenoble, alors que cette part a stagné à 10% pour les autres
déplacements régionaux.
- Identiquement, le
rapport sur les transports franciliens a souligné que l’augmentation
de la fréquentation du métro (+17%) et du Transilien (+24%) entre 2001 et 2009
n’a ni été précédée ni accompagnée par une hausse comparable de l’offre et a eu
donc comme effet d’augmenter encore la saturation des lignes et les retards
liés. Pour autant, la part modale très
élevée des transports en commun en Ile de France (plus de 20%
vs. moins de 10% dans les autres régions) s’explique principalement par le niveau très élevé de l’offre ferrée
(~115 M de trains régionaux et
métros vs ~150 M de km/an hors Ile de France), mais les
déplacements routiers restent au final très importants en raison de la longueur
des trajets et de la concentration des emplois dans la ville-centre (32% pour
19% des habitants).
- La fréquentation des Transports en Commun
Urbains (TCU) a augmenté de plus de 10% depuis 2008 (26 à 28,5 Mds de
voyageurs.km) avec une part toujours importante des TCU d’Ile de France (17,3 à
18,7 Mds de voyageurs.km hors trains « régionaux »).
- Contrairement
à l’offre ferroviaire régionale et interrégionale, l’offre globale de TCU a été fortement augmentée entre
2007 et 2012 : les lignes de transports en « site propre »
(métros Dont les 115 km des RER A et B gérés par la RATP, tramways et bus
en site propre) sont passées de 950 km à 1350 km et les km parcourus par
l’ensemble des TCU sont passés d’environ 1 Md à plus de 1,15 Md (Certu
2012 p.470 + Certu
2009).
- Comme pour les trains régionaux, le niveau d’engorgement
des voies routières explique une part importante du report vers les
transports en commun, mais les principaux facteurs
explicatifs de la part modale des TCU sont en général le niveau de service
de l’offre (la fréquence des passages) et sa vitesse commerciale (la
vitesse moyenne effective, notamment aux heures de pointe).
|
Principales
modalités/conditions
|
Coût/avantage par km ou voyageur
|
Dépense
publique / an
(2012)
|
Principaux
résultats
|
Evaluations de
l’efficacité / efficience*
|
Impacts
éco / sociaux
|
Les subventions aux transports en commun urbains soutiennent principalement (à 90%) l’exploitation
des métros, tramways, bus et cars (hors scolaires) en permettant un tarif
inférieur de 40 à 70% à leur coût
|
40% (Idf) à 65% de
subventions de l’exploitation
20% (Agglos)
à 40% (Idf) de subventions des constructions
|
6 à 10 des 14c /km en exploitation
3
M €/km à 100 M €/km (Métro) en
construction
|
~ 8,5 Mds
€
Agglos ≈ 3,2
Mds
STIF ≈ 3
Mds
Départ ≈ 2
Mds Etat ≈ 0,3 Md
|
66 Mds de voyageurs.km dont 28 Mds de km hors cars
interurbains
(+10%)
|
+ / -
|
+ / +++
|
-
La
fréquentation des réseaux de TCU est fortement corrélée à la proportion des
transports en site propre (TCSP) et/ou au niveau de service en général
:
o
Les grands
réseaux ont une fréquentation deux à trois fois plus élevée par kilomètre
parcouru (Certu
2009) et à offre kilométrique
comparable, les agglomérations ayant une part élevée de TCSP ont une
fréquentation globale jusqu’à 3 fois supérieure à celle des agglomérations avec
peu ou pas de TCSP (Certu
2010) A noter toutefois que cette différence de
fréquentation semble plus limitée en volume de km en raison de la concentration
des TCSP sur les petits trajets vers les centre-ville (Aperol).
- Cette
efficacité des transports en site propre permet par ailleurs de compenser
leur coût kilométrique supérieur. En particulier, les bus en site propre ont une efficience très élevée :
les coûts de développement
et d’exploitation
sont limités (4 à 10 fois inférieurs à ceux des tramways) alors que leur
fréquentation est souvent comparable à celle des tramways et de certains
métros (Certu
2010 p.30).
- L’effet
important d’une offre de TCU au
moins aussi rapide que les trajets en automobile est notamment souligné par l’exemple de Paris
: l’utilisation des transports collectifs y est d’environ 60% des
voyageurs.km (vs. +ou- 20% dans les autres agglomérations de + de
300 000 habitants), la part de la voiture est de 6% des déplacements
(vs. plus
de 60% pour les déplacements entre villes de grande couronne) et la
détention d’automobile de 40% (vs 80% en France, Enquête Nationale, p.179).
- L’évolution la plus conforme aux objectifs prévus est celle des émissions
de CO2 des véhicules neufs qui sont passées de 149 à 124 g de CO2/km entre 2007 et 2012 (-17% pour le
parc neuf et -5% pour le parc total). Cette réduction des émissions des
véhicules neufs est deux fois plus forte (-4g/an
en moyenne) que dans la
décennie précédente, ce qui suggère un
effet significatif du bonus-malus.
|
Principales
modalités/conditions
|
Coût/avantage par km ou voyageur
|
Dépense
publique / an
(2012)
|
Principaux
résultats
|
Evaluations de
l’efficacité / efficience*
|
Impacts
éco / sociaux
|
Le bonus-malus « véhicules
propres » permet de moduler
le prix des véhicules neufs selon leurs émissions de CO2
|
Modulation des prix d’achat selon les CO2/km et le
type d’émissions (ex. électrique)
|
- 3500 €
(> à 230 g CO2/km) à + 6000 € (< à 20g CO2/km)
|
|
500 € pour 15% des achats (>140 g/km)
|
+ ? / + +
|
+ / +
|
Une évaluation de l’INSEE lui
attribue cette évolution dans la mesure où l’augmentation des ventes de
véhicules neufs les moins émissifs a été très nette entre les mois précédents
et suivants la mise en place du bonus-malus début 2008. Cette évaluation estime
en revanche que la mesure a globalement eu un impact défavorable sur les
émissions de CO2 en augmentant la production de véhicules neufs dont l’impact
est très important (5,5 tonnes de CO2 par tonne de véhicule). Mais cet effet
d’augmentation des ventes n’a finalement été que temporaire et l’essentiel des
nouveaux véhicules ont remplacé des véhicules plus anciens (le parc n’a
été augmenté que de 800 000 véhicules en 5 ans alors que plus de 10
millions de véhicules neufs ont été achetés, Comptes
de transports p.60-62).
- Cet effet
probable du bonus-malus s’inscrit pourtant dans un contexte fiscal toujours
défavorable en raison de la déduction des frais kilométriques de l’impôt sur le revenu.
|
Principales
modalités/conditions
|
Coût/avantage par km ou voyageur
|
Dépense
publique / an
(2012)
|
Principaux
résultats
|
Evaluations de
l’efficacité / efficience*
|
Impacts
éco / sociaux
|
La déduction des frais kilométriques permet de déduire du revenu imposable un montant
lié à la puissance du véhicule et au nombre de km domicile-travail
|
Ménages imposables Déduction de 0,3 à 0,75 puis 0,6 €/km depuis
2013
|
~ 300 €/an (en moyenne)
Jusqu’à ?
|
~ 1,5 Md €
estimés
|
5 M de ménages
|
- - / - - -
|
- - / - - -
|
Une évaluation récente (IDDRI
2012) a estimé que le choix par
un ménage aisé d’une voiture émettant 175g au lieu de 120g de CO2/km lui
procure un avantage fiscal de plus de 500 €, ce qui compense presque le malus
(750 €). De plus, les barèmes des frais kilométriques favorisent l’extension
des trajets entre le domicile et le travail, ne profitent pas aux 30% des
ménages les moins aisés et sont principalement captés par les 30% des ménages
les plus aisés. Enfin, cette déduction
profite peu aux ménages aux revenus moyens qui sont les plus vulnérables aux
hausses du prix des carburants (IDDRI
2012 vulnérabilité)
Transports de marchandises :
- La part modale du frêt ferroviaire et
fluvial est encore inférieure à 12,5% des transports intérieurs de marchandises au lieu de s’approcher des 16% attendus en 2012 (vs. 23% en 1990, 13% en 2008 et 25% visés
en 2022), soit 40 Mds de tonnes.km dont 32,5 Mds en ferroviaire (- 6 Mds depuis
2008) et toujours ~7,5 Mds en fluvial sur un total de 325 Mds de tonnes.km en 2012 (Comptes
des transports p.31).
o
Comme pour les
transports de voyageurs, cette contre-performance est pourtant réalisée dans un
contexte de hausse du prix du gazole (~1,40 €/litre en 2012 vs. 1,26 €/litre
en 2008).
o
Les transports routiers
ont également baissé (328 à 283 Mds de tonnes.km), mais dans une moindre mesure
(– 13% vs. – 19%), ce qui explique la légère régression de la part modale du
frêt non-routier.
o
Le transport
routier international représente toujours environ 40% des tonnes.km (~ 105 Mds
dont 95 Mds par des entreprises étrangères). A l’intérieur de ce transport
international, 40% est du transit (~ 43 Mds) et le cabotage
réalisé par des entreprises étrangères est la seule activité en hausse depuis
2008 (~ 5 à 6 Mds de tonnes.km).
- Cette stagnation de la part du frêt ferroviaire suit
une chute d’environ 50% depuis 1990,
alors que sur la même période, le frêt ferroviaire a maintenu en Allemagne sa
part modale à +ou- 18% (et le frêt fluvial à ~ 10%). La principale explication
de cette
différence avec l’Allemagne est la part dans l’économie des « marchandises »
les plus transportées par le fer (25 à 40% des combustibles, matières premières
et produits métallurgiques). En revanche, les différences de part du transport
ferré des produits « manufacturés » (9% vs. 18%) et les évolutions contrastées
entre 2004 et 2009 entre les deux pays ne s’expliquent ni par les évolutions
des structures de production ni par celles des prix moyens de la tonne.km entre
le fer (stable à ~0,04 € dans les deux pays) et la route (stables à ~0,13 € en
France et ~0,10 € en Allemagne). Les rapports du Sénat et
du
CGDD de 2010 soulignent principalement les effets de la dégradation de la
fiabilité du frêt ferroviaire français, en partie en raison de l’organisation
inadaptée de la SNCF et en partie en raison des « goulets »
d’étranglement (Lyon, Nîmes, Dijon…) et de lignes non électrifiées sur certains
trajets (Nantes-Lyon, Amiens-Dijon…).
- Fondé en
partie sur ce diagnostic, l’engagement
national pour le frêt ferroviaire (2009-2020) doit notamment permettre de développer les autoroutes ferroviaires,
d’électrifier certaines parties de lignes prioritaires et surtout de supprimer
les principaux goulots d’étranglement du réseau ferré, en développant les
contournements ferroviaires de Lyon et Nîmes-Montpellier (environ 60% des 750 M
€/an prévus d’ici 2020). Comme pour les transports ferroviaires de voyageurs,
la plus grande partie de cette politique ne
pourra donc être évaluée avant les
mises en service des nouvelles lignes (prévues pour 2017 et 2019). En
revanche, le soutien aux autoroutes ferroviaires a déjà des premiers résultats :
le seul type de frêt ferroviaire en hausse est le transport de semi-remorques
(+ 1 Md de tonnes.km depuis 2008) notamment grâce à l’augmentation des
rotations sur l’autoroute ferroviaire entre le Luxembourg et Perpignan.
- En
parallèle, l’écotaxe Poids Lourds
devait être mise en place en 2011 puis en 2013 et est actuellement
« gelée » en raison des manifestations de novembre 2013. L’ « éco-taxe
poids lourds » devait permettre de collecter une redevance
kilométrique sur les poids lourds variable
selon le tonnage et le nombre d’essieux (0,08 €/km pour les 3,5 à 12 tonnes à 0,14 €/km pour les 4
essieux et +) et modulés selon les émissions de polluants (+ou- 20%) afin de mieux les faire
contribuer à l’entretien de 15 000 km du réseau routier principal non soumis à un péage et au
développement de réseaux ferrés alternatifs. En
raison des récentes manifestations, la mise en œuvre de cette taxe prévue pour
2011 a de nouveau été reportée Une
étude d’impact de cette mesure avait été menée en 2009 avec des hypothèses
proches des modalités prévues en 2013 (0,12 €/km en moyenne pour les plus de
3,5 tonnes sur 15 000 km de réseau routier « principal mais sans
péage » sur lesquels circulent environ 35% du trafic des poids lourds). Compte
tenu de l’augmentation limitée du coût du transport routier occasionné (+ou-
4%), d’une sensibilité prix « habituelle » de 0,4 et
des possibilités de report vers d’autres réseaux non taxés, les principaux
effets estimés étaient des reports d’environ
25% du trafic vers d’autres routes (+ou- 16% vers les autoroutes, 6%
vers le réseau départemental non taxé et 3% vers les réseaux frontaliers belges
et allemands) contre seulement 1% de report modal vers le frêt ferroviaire ou
fluvial, soit une réduction limitée à 0,3% du total
des véhicules.km de poids lourds. Cet effet massif de
« contournement » pourrait être accentué par
l’obligation pour les chargeurs d’accepter une majoration
des prix (4,8% en 2013 pour les déplacements interrégionaux). Afin
d’augmenter leurs marges, certains transporteurs pourraient en effet préférer
des reports de trafics qui seront d’autant plus nuisibles que les véhicules seront
chargés et les routes fragiles et/ou traversant des zones habitées.
- Cet effet principal de « contournement »
géographique est d’ailleurs à
l’origine de l’expérimentation de l’écotaxe poids lourds en Alsace. Cette
région a en effet subit un report de trafic sur ses autoroutes (gratuites) dû à
l’écotaxe allemande estimé à 2000 camions/jour (soit
+ou- 120 M de véhicules.km/an). Les autres effets constatés de ce type de taxe en
Suisse et en Allemagne ont été la baisse du tonnage et des émissions des poids
lourds utilisés afin d’optimiser les coûts de transports (CGDD
2009 p.15). Ce type de taxe a donc permis de limiter et de compenser une
part des coûts collectifs du frêt routier, dont notamment les dépenses
d’entretien des routes principales (imputables
entre 80 à 95% aux poids lourds de classes 2 et 3), mais n’a eu que peu d’effet
de report modal vers le ferré ou le fluvial.
Le projet d’écotaxe français conduirait donc à taxer trop fortement les poids
lourds de catégorie 1 (notamment les moins de 10 tonnes) et beaucoup trop
légèrement les poids lourds de catégories 2 et 3 (+ou- 80% du trafic)
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